Passiongraphie

Entre couleurs et émotions,Christelle Sessa partage sa joie de vivre mais aussi sa passion dévorante pour la peinture. On découvre à travers ses nombreuses peintures un monde imaginaire avec une touche de simplicité. Née à Toulouse en France, la ville « rose », rapidement Christelle s'essaye, apprend, ose. Un passage devant Les Beaux Arts, puis la vie la reprend dans son tourbillon qui la font s'éloigner, pour la reprendre à nouveau au gré de ce que les conventions de la société obligent : la peinture n'est alors jamais très loin, et même si parfois alors elle ne s'exprime pas, le lent échafaudage se construit, l'édifice se colorie de ce qu'il va être. Et puis soudain, comme un accouchement de couleurs, un épanchement dans tant d'émotions retenues, ses outils se multiplient, la spatule, le couteau, l'éponge ; sa méthode s'affirme. Les matières et incrustations, le collage sur acrylique... tout dans son être tourbillonne, se figent les couleurs, jaillissent les pensées qui à nouveau, comme le décalcomanie de la vie, imprègnent le coton de la toile, figent entre les fibres de lin, ce qui devait assurément être, ce qui doit être.« Je n'obéis à aucune intention, à aucun système, à aucune tendance. Je n'ai ni programme, ni style, ni prétention. J'aime l'incertitude, l'infini et l'insécurité permanente. Mais comme je le disais, je n'aime pas m'imposer à un style.

Il est possible d'être émue des plafonds de la chapelle Sixtine, s'enthousiasmer sur un Andy Warhol au MOMA et recevoir au visage une vérité de Banksy que l'art urbain met à portée de tout un chacun. Pourquoi faudrait-il qu'un artiste ne soit qu'un style, qu'une vision, qu'une époque ou tendance ? L'art n'est-il pas dans toutes choses, à tout instant ?

Lorsque je peints, je ne suis pas encore celle qui va être mais déjà plus celle que j'étais. Alors au gré d'un souffle de couleur, d'une pensée psychédélique ou de l'envie de l'instant, jaillit un à plat de spatule, la caresse d'une éponge ou l'insulte du couteau quand soudain trop de conventions inhibent la pensée. Les couleurs dansent comme chantent les mélodies des sons : mon atelier est à lîle Maurice, en extérieur où les bruits de la nature, la vie animale et les crépitements estompés de la ville font un avec le regard que je porte sur l'instant ; celui-là même qui va mourir sur la toile dans le scellement de ces sursauts de peinture qui figent alors l'infini.

Rien n'est jamais acquis, tout continue, tout a une vie et dans une toile il n'y a pas un instant où la fin est programmée. Ce n'est que « plus tard », un moment indéfinissable où se traduit l'état d'une intime satiété, comme un apaisement, que les volutes s'estompent, les couleurs se figent et les spatules gisent alors dans un sentiment d'accompli. Quand je dois choisir ce que sera, les couleurs s'imposent d'elles mêmes à l'instant. Je me suis toujours demandée ce qu'aurait été telle ou telle composition si celle-ci avait été réalisée 1 heure après : les couleurs auraient-elles été identiques au regard du sentiment de ce qui était alors ? Ces courbes harmonieuses se seraient-elles trompées d'instant au bénéfice d'un aplat où rien ne semble vouloir survivre ?

Car en effet, l'art n'est qu'une courbure de l'espace temps. Un moment privilégié de rencontre de part et d'autre de ce cadre de coton ou de ces fibres de lin imbibées de la pensée d'un artiste. Des pensées intimes… ou Christelle nous emmène, le temps d'un regard, une volute de moment... et puis s'en va... jusqu'au suivant.»